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Le trail lorsqu'il s'inscrit dans nos week-ends en groupe, comme ici dans les Vosges, c'est beaucoup plus qu'une simple course... C'est une aventure partagée, une bulle de bonheur dépaysant, une douce ambiance de folie et un voyage intérieur porté par les encouragements des amis, quelque soit la distance, quelque soit le chrono.... Et franchement, c'est beau à vivre de l'intérieur comme de l'extérieur !

Récit du Défi des seigneurs 80km 3000D+ par Carole F

En voici la preuve avec le récit de Carole F :

Une course sur route ou un trail ça commence souvent 12 semaines avant le jour J. Je ne vais pas entrer dans les détails de ces 4 blocs de 3 semaines de préparation, mais ils sont bien chargés et permettent d’arriver en confiance ou pas le jour J.

Inscrite sur le 80km, je me retrouve dans le gîte avec « les 80 », soit Jean, Vincent, Arnaud, Bruno L et Christophe, blessé, qui fera l’assistance de Jean. Nicolas nous rejoindra le lendemain matin. Pour le dernier repas d’avant course, nous rejoignons l’autre gîte où règne une effervescence d’installation, de rire, et de préparation de pâtes. « Les 80 » s’attablent à leur plâtrée de pâtes (plâtrée étant le bon mot pour certains). Elles sont délicieuses avec la bolognaise préparée par Denis. Rentrés au gîte, chacun prépare ses affaires pour le lendemain, Jean fera des petits sacs mystères (avec de la poudre magique qui fait courir vite ?) qu’il confie à Christophe pour ses ravitos.

Samedi matin, le réveil est matinal à 3h45. Il y a eu des changements de lits dans la nuit pour cause de ronflements intempestifs, mais cela n’a pas entamé le moral de la troupe. Tout le monde s’affaire au petit déj avec ses dernièrs préparatifs et nous partons pour le gymnase du départ avec les deux voitures. Une des voitures fait demi-tour pour aller chercher un dossard oublié… oui oui c’est vrai !

Il reste 10min avant le départ. Je ne suis pas stressée, je sais que je suis prête. J’ai deux objectifs : finir mon 1er 80km avec le sourire et ne pas partir trop vite pour ne pas me cramer afin d'atteindre mon 1er objectif (avec les années j’ai compris qu’il faut écouter l’expérience des coachs… hum…).

6h, le départ est donné et avec les quelques 300 coureurs, nous faisons notre petit tour de stade en guise d’échauffement avant de rentrer dans le vif du sujet. J’oubliais de dire : Arnaud a décidé de m’accompagner, c’est trop gentil ! J’ai essayé de lui dire de faire sa course mais il veut être prudent pour son genou et comme ça, il m’aidera à gérer ces 80km.

Pendant les 1ers kilomètres, tout le monde nous double. Avec Arnaud, nous trottinons doucement. Je vérifie souvent si je suis sur un rythme lent pour ne pas me faire avoir par le rythme des autres. Je veux vraiment maîtriser ma course. Montées, descentes, lever du soleil, on enlève les frontales, on trottine bien et on fait bien attention à notre rythme. On arrive au ravito du 25e et on voit Christophe qui a froid le pauvre. Il nous attend depuis un bout de temps et il nous rassure sur le fait que tout le monde est bien passé et que Jean fait partie du top 10 de la course pour le moment. 30e, le soleil est là, il commence à chauffer, on monte, on descend, ça ressemble au parcours des 25 bosses, j’adore, c’est le kiff total. Je suis là où je dois être. Dans une descente pleine de racines, j’aperçois un monsieur en jaune et noir, je lève la tête (oui j’étais concentrée pour ne pas tomber), c’est Denis ! Oh trop bien, je ne m’y attendais pas ! Il nous dit que le reste de la team est un peu plus loin, alors avec Arnaud on continue notre petite course jusqu’à les retrouver. On est accueilli par un club de supporters qui donne de la voix et de la Saint Yorre ! Je me force d’ailleurs à prendre un verre sur insistance du coach Bruno. On papote un peu, tout le monde a la pêche, c’est vraiment chouette de les voir, sachant qu’on arrive presque déjà à la mi-course. On repart en trottinant sous les clameurs des supporters du SOH et nous voilà de nouveau sur le parcours que j’aime beaucoup tant par le terrain que par les châteaux/ruines qu’on passe. Le 40e km sonne à la montre. Je me souviens dire à Arnaud que ça y est, on est à la mi-course, c’est la bascule. Il y a moins de km restant que de km parcourus.

Je déroule maintenant mon allure de course, je me sens bien, sur un rythme stable et toujours concentrée. Je vois qu’Arnaud n’est plus derrière moi, j’ai l’impression que ça ne va pas pour lui et je ne sais pas ce que je dois faire. Je me retourne souvent pour le chercher, mais ça y est, je l’ai perdu.

J’arrive au ravitaillement du 45e, que vois-je encore une fois ? La troupe du SOH encore présente ! Que ça fait du bien ! Je ne sais pas si mon visage sourit mais à l’intérieur de moi c’est beaucoup de bonheur de les voir. Je me fais ravitailler en pompotes et remplir les flasques. Je suis encore très lucide, c’est une grande fierté déjà, c’est moi qui gère la course et pas la course qui me gère, surtout qu’il reste encore un grand nombre de km à parcourir ! Arnaud arrive au ravito, effectivement il n’est pas au top. Il me dit de partir et faire ma course. En repartant, Denis me glisse à l’oreille que Bruno n’est plus très loin alors qu’il avait 20min d’avance, je peux le rattraper. Je suis un peu déçue pour Arnaud, j’espère qu’il va pouvoir repartir (je m’en veux un peu car c’est peut-être parce qu’il n’allait pas à son rythme que les sensations n’étaient pas là). En plus il fait très chaud, 31° nous diront les bénévoles le soir et cela cause 20% d'abandons. Prochain objectif, 50e, je double Bruno, qui claudique sur un faux plat. Je déroule toujours à un rythme stable en montée et trottine en descente. En revanche pour les faux plats, ma tête et mes jambes n'arrivent plus à voir si ça monte ou ça descend.

55e. Je manque de me tromper à une fourche, un coureur m’interpelle, que je remercie grandement car je m’en serais voulu.

J’approche du ravito du 59e. Là encore, j’entends des « allez Carole », ça me fait un bien fou, ça rebooste, comme si les km déjà parcourus n’existaient plus, c’est encore mieux qu’un gel énergisant. C’est incroyable l’effet moteur que cela peut apporter. Gruyère, tucs, flasques remplies, je repars pour l’objectif suivant qui est le prochain ravito du 68e.

A 65km, c’est une étape. Ça y est, tout ce que je fais à partir de maintenant c’est du plus, car je n’ai jamais dépassé cette distance. C’est totalement l’inconnu. Je sais que je suis bien préparée, mais je suis assez fière de moi, de voir que jusqu’à présent je n’ai pas été dans le « mal » ou ressenti de difficultés. Bon, c’était sans compter mon plus gros problème, la gestion des écarts entre le balisage et la réalité ! Le ravito que j’attends avec impatience ne se présente pas au km68 mais au 70e et quand je demande à des promeneurs où il est, ils me donnent un nom en alsacien que je ne comprends pas et ils regardent vers le haut. Je comprends qu’il faut d’abord grimper cette côte, grr, ça me met un coup au moral !!

Avec mon collègue de dossards à côté de moi qui peste aussi, on fait la montée ensemble. On encourage un petit jeune en galère qui n’arrive plus à s’alimenter depuis le 40e km et qui peine à monter. Finalement, au lieu de repartir avec 12km à parcourir, ce sera 10, et bien voyons le côté positif ! 10km c’est un aller/retour de chez moi au pont de Chatou, ce n’est rien, je fais de la visualisation ! Quand j’arrive au ravito, je ne vois qu’eux et d’ailleurs je ne me souviens pas avoir vu la grande tour tellement j’étais obnubilée par leur présence. Encore des SOH, mais ils sont partout !!! J’ai envie de pleurer, l’émotion est présente entre cette barrière du ravito que je ne voyais pas, Edith, Sophie, Stéphane et Monika qui sont là (le reste de la team accueille les 80 à l’arrivée) et le fait qu’à cet instant je me rends compte que c’est sûr, je vais le finir ce trail de 80km qui représente un petit quelque chose dans lequel j’ai mis beaucoup de moi par rapport à l’année 2023 qui a été très difficile sur le plan familial. Ça me fait un bien fou de les voir, de parler un peu, de sortir un peu de ma frustration et finalement me reconcentrer pour les 10 derniers km. Je veux profiter de chaque minute qui reste. J'ai mal aux jambes mais ça va, ce n'est rien vu la distance déjà accumulée. Pour certains coureurs ça devient difficile, on n'est plus que 210 sur la course alors on s'entraide quand on se double et on a aussi des longs moments seuls. Le dernier single est un peu long, je n’arrive pas à comprendre où on va arriver au bout. Mais ça y est, c’est la dernière descente, j'aperçois le gymnase de l'arrivée, je l'ai fait !!! JE L’AI FAIT !! c’est un truc de fou, j’ai couru 80km !!!! Je vois toute la team qui crie, qui m'encourage, j'ai l'impression d'être une championne aux JO, je cours jusqu'au bout, Stéphane me parle et je lui dit que j’ai envie de pleurer, il me dit que j’ai le droit. J'ai les larmes aux yeux, c’est trop d'émotion ! Tous ces sourires autour de moi aussi, c'est énorme.

J'ai passé une journée fantastique, j'ai adoré cette course, j'ai tout aimé, j’ai aimé chaque km et chaque minute de ces 12h32 de course. J'ai déjà hâte de recommencer car j’ai trouvé que cet exercice particulier ressemble un peu aux périples sur plusieurs jours que j’ai pu faire. Merci à toute la team SOH pour les encouragements tout le long du parcours, je ne savais pas que cela pouvait être aussi porteur. Ce sport procure vraiment des sensations incroyables !

Douche, repas avec toute la team, gâteau d’anniversaire (merci encore) et au dodo car demain les choses sérieuses recommencent.

Après une nuit un peu compliquée tout de même, mes jambes n’étant plus d’accord pour être au repos, « les 80 » sommes repartis pour aller encourager la team sur leurs courses respectives ou presque car c’est difficile de voir tout le monde. Arrivés au 1er ravito du 43, on se gare presque au frein à main car on voit les coureurs passer et on est juste pour voir Marc. Zut ! On vient de le rater à 3min prêt ! Il faut dire qu’on ne marche pas bien vite depuis le réveil ! On tourne la tête et on aperçoit Bruno le coach prêt à repartir du ravito, on papote un peu, distribution de Saint-Yorre, ce qui laisse le temps à Béatrice d’arriver. Ce sera ensuite Denis, Carole et Slimane et ensuite Vanessa que nous verrons. Ni une ni deux, on s’aperçoit qu’on peut aller les voir à quelques minutes en voiture d’où nous sommes et pour eux 8 km plus loin. Il ne faut pas oublier qu’on a raté Marc et que maître Nico lui a promis des crocodiles Haribo s’il est sage. Alors, hop, saut dans la voiture (avec toute la grâce qu’on peut avoir après la journée de la veille) et nous y voilà, à donner de la voix pour tous les coureurs qui sortent de la forêt au 24e km. Et bim, Marc !!! ouf, sauvés, il a droit à ses bonbons. On attend le reste de la troupe qu’on ravitaille en eau, et une fois Géraldine passée, on calcule encore… on a le temps d’aller les voir à un autre point ! Trop bien cette journée ! Nous revoici tous repartis pour guetter Marc et Bruno, en buvant une bonne bière ou grenadine au bar d’un hôtel qui borde le parcours. Voilà ça s’est fait, petit coucou et … Eh ! mais on peut voir Stéphane, il passe dans 10min au ravito du 26 ! c’est reparti… on roule, on se gare, Nico sort son sac à ravito et voilà Stéphane qui déboule de la forêt ! C’est la super forme, ça fait plaisir à voir !

Il est temps d’aller à l’arrivée car le timing devient serré. Après un arrêt au stand sandwich/saucisses/flammekushe, nous retrouvons Edith et Monika qui ont fini leur course et on attend les finishers du 43/26km. Ils passeront tous un à un, sauf Slimane qui a été ramené au départ à cause de problèmes gastriques.

A notre tour, nous crions, sautons, pour les encourager, c’est génial de pouvoir partager autant en un si concentré weekend. A 1/4h prêt, on voyait aussi l'arrivée de Sophie M et Cyril, le livetrail nous a induit en erreur.

14h, il est l’heure de repartir, car la vraie vie reprend dès le lendemain.


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