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Souvenez-vous, nous avions cette année 2 représentants du SOH sur les épreuves mythiques de la diagonale des fous à la Réunion. Et Vanessa a survécu !!! Voilà le récit tant attendu de ses 27 heures d'aventures où joie, souffrance et résilience se mêlent à travers les paysages grandioses et techniques de cette île de rêve ! Fermez les yeux ( gaffe aux racines....) et c'est parti sur les chemins dans les pas de Vanessa !

La diagonale de la folle ! Le retour !

En préambule, je vous présente Vanessa ! C'est une espionne-warrior du SOH que nous avons envoyée un an à la Réunion pour arpenter les chemins de cette île en long, en large et en travers ! Elle nous a proposé du rêve pendant un an et elle revient maintenant parmi nous au mois de janvier ! Il va falloir qu'elle se réhabitue aux sentiers ultra-techniques des quais de Seine ou de Saint Cucufa....Je suis un peu inquiet pour elle ! ;-)

Vanessa, c'est un peu l'avant-garde du SOH ! Notre éclaireuse en chef, avant que certains de nos membres ( dont elle ) voyagent en octobre prochain en direction de cette île,pour cette fois la traverser entièrement et nous dire : "ON A SURVECU !"

Cette année, son défi était déjà immense puisqu'elle s'est alignée sur le trail du Bourbon soit 110km et 6300m de D+ sur des chemins ultra-techniques. Avant de lire son récit, je tenais aussi à féliciter notre Fred ( Yorke ) qui, lui aussi, participait à cette même course. Malgré le moral de guerrier qu'on lui connaît, il a été malheureusement trahi par sa cheville et il a dû abandonner la mort dans l'âme... On te connaît Fred, tu reviendras encore plus fort car tu as un moral d'acier !! Un grand bravo à toi aussi malgré ta déception légitime !

Allez maintenant il est temps d'embarquer avec Vanessa ! Il fait 28-30 degrés, on est au bord de l'Océan Indien et les cirques de Cilaos, Mafate et Salazie se dressent devant vous ! Attention, une fois rentré dans le cirque de Mafate, la seule solution pour en resortir, c'est à pied.....ou en hélico.....Vous êtes prêts ? C'est parti............

Vendredi 21 octobre. 10 mois de prépa sur les sentiers réunionnais, à essayer d'apprivoiser ce terrain sauvage et exigeant. A m'habituer à l'absence de bâtons. Ca y est c'est enfin le jour J.

Départ prévu à 20h de Cilaos, le taxi vient nous chercher à 14h... je finis les préparatifs de mes sacs. Bonne idée d'avant course : je prends le scooter pour aller à la pharmacie 150m plus bas chercher de quoi peaufiner ma petite pharmacie de course. En short/Tshirt/sandales. (ouai je sais...). Pas de bol une voiture me frôle d'un peu trop près dans le virage, je suis surprise et je pars en belle glissade sur le bitume. Je me relève un peu choquée, rien de cassé, mais le côté gauche a quand même bien morflé. De grosses brûlures sur le coude , le haut de la cuisse, le tibia, mais surtout sur le pied.. J'avais visiblement envie de corser encore un peu la difficulté.... Entre mes tappings et mes pansements on dirait une vraie momie, l’élégance du trailer dans toute sa splendeur !

Arrivés à Cilaos, on retrouve nos ravitailleurs du club. Petit repas chaud et couvertures sur le dos. Il pleut... Les sentiers vont être très humides, ça promet !

On part déposer nos sacs d'assistance avant de rejoindre le SAS de départ. Je suis dans la 1ere vague. 19h50 : Pas de bol on nous annonce que finalement le départ sera retardé de 45min car les navettes des coureurs mises en places par l'orga ne sont toujours pas arrivées à Cilaos... Je commence à stresser un peu.... Les sentiers ici ne pardonnent pas. Il suffit d'un moment d'inattention pour trébucher sur un caillou, glisser ou se faire une cheville... J'ai une main gauche à peine consolidée et une cheville droite tout juste remise d'une belle entorse, il va falloir faire gaffe. Mon rappel de TFL dans les Pyrénées cet été ne me rassure pas non plus, et j'ai un mental bien fragilisé et une belle accumulation de fatigue ces derniers mois.

20h45 : la musique retentit enfin et c'est le départ. La foule est partout sur les premiers kilomètres, pour nous encourager, l'ambiance est folle. J'essaye de ne pas m'emballer, la route grimpe déjà et ce n'est que le début. Je sais que ce qui m'attend jusqu'à hell-bourg ne sera pas une partie de plaisir. La montée de Kerveguen commence. Je ne l'aime pas. C'est escarpé, assez irrégulier, et bien humide. Il s'est remis à pleuvoir. Arrivée au 1er ravito à la caverne Dufour, je ne m'arrête pas. Il y a du vent, et on est trempés donc je préfère ne pas me refroidir. J'attaque une des rares portions du parcours que je ne connais pas : la descente de cap Anglais. On me l'avait vendu comme un beau chantier, l'un des pires chemins ici, ben je suis pas déçue ! Heureusement on finit par dévier direction la forêt de Bellouve, et là c'est beaucoup plus roulant : beaucoup de passages sur des palissades en bois, ça reste bien glissant mais aux lueurs des frontales ça donne un cadre assez mystérieux et magique. Je rattrape Vincent à Hell-bourg. Il peste, sa cheville a déjà vrillé plusieurs fois et il boite. Je lui partage un peu de ma pharmacie et je repars. Là encore je ne prends pas le temps de profiter du ravitaillement chaud. J'ai trop peur de me refroidir...

Ca remonte donc direction plaine des merles. Avec la fin de la nuit la bruine est balayée par un petit vent, bref il fait toujours bien frais. Le soleil commence à se lever au niveau du col de Fourche : ça y est, on plonge dans Mafate... Ce cirque est tellement dingue ! Ses petits ilets perdus au milieu de nulle part, des points de vue à couper le souffle, mais aussi ses sentiers escarpés avec des marches à n'en plus finir... Je ne m'en lasse pas. On sait en arrivant là qu'il n'y aura pas d’abandon possible avant d’en ressortir… La nouvelle, puis Marla, j’enchaîne les traversées d’ilets, je grignote un petit quartier de pomme par ci par là. Il commence à faire chaud, du coup l’option rougail saucisse ou lentilles me tente moyen… ça devient un peu difficile. Passé Marla kilomètre 50 mon TFL gauche se réveille… Je sens que la fin de course va être longue… Gros ravito aux orangers. On rattrape enfin le parcours de la diag. Je retrouve à nouveau Vincent. Je me sens épuisée. C’est la 1ère fois que je ressens ça aussi tôt sur une course. J’ai envie de m’allonger un peu mais les seuls endroits à l’ombre sont réservés aux zones de soin. Mon tapping au genou s’est fait la malle et mon pansement à la cuisse pendouille ridiculement, le short frotte sur la brûlure, je prends donc le temps de faire refaire tout ça… Malheureusement ça met pas mal de temps du coup tant pis pour la sieste et la pause repas.... A partir de là la suite est un peu plus roulante et agréable, même si c’est pas optimal pour le genou. Vers la passerelle d’Oussy surprise : ils ne nous font pas passer par la passerelle mais directement par la rivière… Je vois tout le monde enlever les chaussures pour traverser. Je sais que j’ai une paire de rechange qui m’attend à 2 bras, alors je zappe le déchaussage.

2 bras : le gros ravitaillement avant la sortie de Mafate. On dirait un campement militaire, l’orga est juste énorme. J’y croise des copains du club qui sont sur la diag et sur le bourbon, tout le monde est dans le dur mais avec le sourire c’est chouette… Je récupère mon sac d’assistance et enlève mes chaussures. Mes pansements du pied partent en même temps que ma chaussette. Pas de bol : j’avais préparé mon sac d’assistance avant ma chute, et j’ai complètement oublié d’y rajouter des pansements de rechange…. Je n’ai rien pour protéger ma brûlure. Je demande au stand des podologues s’ils peuvent me dépanner de quoi refaire mon pansement… Ils veulent absolument le refaire eux même mais il y a pas mal d’attente. Hors de question. Après 10min de négociation ils me filent une compresse et un petit bout d’élasto. Je colle ça et remets chaussettes et baskets sèches. C’est clairement pas optimal, va falloir serrer un peu plus les dents mais ça ira.. Résultat j’ai encore perdu plus de 30min juste pour mes pansements et y a la queue aux plats chauds… Je me contenterai donc encore de quelques quartiers de pomme, le reste ne me tente pas…

Maintenant l’objectif : le ravito du club à la possession, j’ai hâte de me faire chouchouter ! La montée de dos d’âne passe plutôt bien, puis retour à la civilisation avec un petite descente sur la route, avant d’entamer ce qui était pour moi la pire portion du parcours : le sentier Kalla. Je l’avais fait il y a 1 an lors de mon 1er trail ici, dans l’autre sens, et je l’avais trouvé assez hard. Visiblement en 1 an j’avais oublié ce qu’il donnait : 1 première portion en descente toboggan toute lisse, où l’orga avait disposé des cordes aux arbres de chaque côté pour éviter l’option descente sur les fesses. Puis de la montée-escalade dans les rochers et enfin une alternance de plat, montée et descente interminables jusqu’à l’arrivée tant désirée sur la possession. Il y a un monde fou pour encourager. Je repère la tente du club et là c’est une vraie parenthèse de bonheur… massage des mollets, réfection des pansements encore une fois (avec la transpi ils ont une fâcheuse tendance à se faire la malle), et 1er petit repas chaud : pâtes jambon, ça fait un bien fou…

Je repars avec la nuit qui commence à tomber, revigorée mais pour peu de temps… Le mal est déjà fait depuis bien longtemps… Pas d’hypo mais ma sous alimentation depuis le début de course fait que je n’ai pas de jus. Du tout. Je ressors la frontale en attaquant le fameux chemin des Anglais. Alors pour vous aider à la visualiser : prenez une route pavée de l’antiquité. Qui monte et descend. Easy. Maintenant imaginez un grand tremblement de terre, qui fait que tous les pavés sont mis en vrac dans tous les sens… Vous visualisez ? Un vrai bonheur pour les chevilles !

Je suis en surchauffe complète, pourtant il est 19h. Le détail bonus : c’est de la pierre noire volcanique : elle ressort le soir toute la chaleur emmagasinée dans la journée. Je suis complètement posée dans la montée, je me fais doubler par un pote de la diag. Vincent me rattrape, et m’attendra jusqu’à la fin. Je paye l’absence de bâtons. Mes cuisses se sont mises en greve, j’ai mal partout : le genou gauche, les fléchisseurs du pied à droite, un vrai carnage ! Heureusement j’arrive à relancer sur les portions de plat. Ma fin de course se fait au radar, j’ai l’impression d’être complètement déconnectée. Je me laisse porter par les encouragements au bord de la route… Je la connais par cœur. Pourtant ils ont modifié le parcours, je ne reconnais pas la montée vers le colorado. J’ai l’impression qu’on tourne en rond, je suis un petit groupe et je me dis que le mec de devant à loupé la bifurcation et qu’il nous fait juste faire l’escargot (bon quand je vois ma trace sur strava en fait pas du tout…) … Après un temps qui me parait interminable on arrive enfin sur les hauteur de Saint Denis. Il ne reste plus que la descente finale du Colorado… Un beau petit chantier, mais celui là j’en connais chaque caillou. C’est mon terrain d’entrainement…  Arrivés en bas de la descente nos enfants sont là, ils nous attendaient pour nous accompagner sur les 500 derniers mètres… Bon on doit quand même les rappeler à l’ordre : eux ils sont frais, pas nous, ils vont trop vite ! Le but c’est qu’on franchisse la ligne d’arrivée ensemble, pas eux loin devant :p

00h37, après 27h37 de course, je franchis enfin les portes du stade de la délivrance. Il porte tellement bien son nom !

Je suis vidée comme jamais. Je crois que je n’aurais pas pu faire 10m de plus… Difficile à ce stade d’imaginer rajouter encore 50km…

Bon à froid je sais que mon objectif 2023 sera le maillot jaune de la diag…. C’est ça le trail… On en chie, on se demande pourquoi on fait ça. A l’arrivée on dit plus jamais, et une semaine après on renchérit de plus belle…

J’éviterai de faire du scooter avant, je me forcerai à m’alimenter… et puis j’aurai Bruno avec moi pour me motiver dans la prépa.

Ca promet encore une belle aventure !!!!


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